C’est l’histoire extraordinaire d’une jeune camerounais, amoureux du ballon rond de football, comme la majorité de ses compatriotes et des jeunes africains en général, qui ne jurent que par cette sphère rebondissante. Rolland Bingombo Massa, 28 ans, néà Yaoundé, capitale du pays et ville dans laquelle il réside, se consacre désormais à la fabrication de ballons au Cameroun, après une formation en Chine qui lui a permis de perfectionner ses talents.
Mais c’est pourtant dans la ville de Batouri, à l’Est du Cameroun, que cet ancien élève du Lycée technique du chef-lieu du département de la Kadey a fait ses classes et bâtit sa réputation dans le domaine de la conception des ‘‘samaras’’(sandales) et par la suite, pour comme il dit ‘ faire quelque chose qui sortait de l’ordinaire ’ , se spécialiser dans la réparation des cuirs ronds importés, mais surtout d’en fabriquer déjà localement avec des matériaux de recyclage de la même matière.
Pour le moment, la passion et les ambitions du jeune et dynamique Rolland qui offre un service après-vente inexistant pour les ballons importés, se heurtent à la difficulté d’accès à des investisseurs et des financements qui lui permettraient d’étendre sa fourniture en quantité de ballons de football au-delà de la région du Centre et même du Cameroun. Il lance d’ailleurs dans cet entretien, un appel aux potentiels investisseurs au Cameroun et dans la diaspora, qui seraient intéressés à l’accompagner dans cette aventure unique et prometteuse.
On vous a récemment découvert sur les réseaux sociaux comme fabricant camerounais de ballons de football, un sport plus qu’adoré dans notre pays. Comment êtes-vous arrivés dans ce métier ? Racontez-nous un peu ce qui vous a motivé.
Rolland BINGOMBO MASSA: Comme tout camerounais, je jouais au foot dans mon jeune âge et très souvent nous étions confrontés au problème de ballon. Soit ils se percent, soit il se produisait une déchirure de panel. Faisant parfois dans la cordonnerie, j’ai pensé que je pouvais faire quelques réparations sur les ballons du quartier et des établissements de la ville. Ce qui me donnait quelques sous à l’époque, c’était la fabrication des babouches (samaras) et il y avait un nombre important de fabricants pour une petite ville comme Batouri (dans la région de l’est Cameroun). Je décide de me consacrer uniquement aux ballons, car je voulais faire quelque chose qui sortait de l’ordinaire. N’ayant plus de preuves à faire au niveau de Batouri dans mes recherches sur le ballon et avec la volonté de fabriquer des ballons made in Cameroon. Il faut noter que je fabriquais déjà des ballons à Batouri avec un matériau que je ramassais un peu partout comme de vieux sacs et des habits en cuir. Je décide de partir à Yaoundéétant donner que je jouais toujours au football. Etant à Yaoundé, il y a les centres de formation, des club, les commerçants au marché central, il fallait que je vive de ce que je sais faire, faire mes preuves dans toutes ces structures et chez les commerçants, puis je fais la rencontre de certaines personnes du PAJER-U avec lesquelles je vais faire le tour du pays pour former des jeunes (PIFMAF) dans le domaine et quelques années plus tard allé en chine avec le PAJER-U pour une formation plus approfondit. Voilà un peu comment j’arrive dans ce métier.
Travaillez-vous dans le cadre d’une entreprise et combien de personne en font partie ou travaillent actuellement dans votre structure ?
Rolland BINGOMBO MASSA: Je travaille avec un ami de longue date avec qui j’ai presque fais tout le parcours raconté au début, puis on s’est entouré de 03 autres personnes, bref nous sommes 05 pour le moment. Nous ne travaillons pas dans le cadre d’une entreprise.
Techniquement parlant, combien de temps prend-il pour fabriquer un ballon et à quel prix le vendez vous ?
Rolland BINGOMBO MASSA: Pour fabriquer un ballon il faut 03h de temps et le prix est de 20.000 FCFA l’unité.
En terme de qualité et de prix justement, est ce que les camerounais qui achètent ces ballons made in Cameroun peuvent être certains de disposer d’un produit égal ou supérieur en qualitéà ceux importés au Cameroun et dans quelles villes ou régions du Cameroun fournissez-vous vos ballons ?
Rolland BINGOMBO MASSA: Le fait pour nous de réparer la majorité de ballons de la ville qui pour la plupart sont des produits de la contrefaçon et le stage en Chine nous ont permis d’avoir une idée précise de ce qu’il faut pour nos ballons, étant aussi donné que la grande partie de nos aires de jeu ne sont pas gazonnées. Il faut préciser que très souvent, nous réparons une bonne partie des ballons importés et vendus à Yaoundé. Pour ce qui est des ballons que nous mettons sur le marché, nous utilisons un matériau de dernière génération. Caoutchouc ou plastique pour la vessie gonflable et de polyuréthane pour l’enveloppe interne et externe du ballon, donc en termes de qualité, je peux sans être prétentieux, dire que nos ballons sont supérieurs à ceux importés au Cameroun pour la plupart. Nous n’avons pas les moyens nous permettant de produire en grande quantité et livrer nos ballons hors de la région du centre (Yaoundé précisément) pour le moment mais la demande est nationale, je peux vous l’assurer.
Fabriquer des ballons, c’est bien, mais est ce qu’actuellement vous arrivez à trouver assez de client et surtout à fournir la demande y compris en service après-vente éventuel comme vous êtes au Cameroun contrairement aux fournisseurs de ballons importés ?
Rolland BINGOMBO MASSA: Les clients et des potentiels clients il y en assez d’ailleurs, mais comme je vous ai dit tantôt, les moyens nous font défaut pour satisfaire à la demande. Concernant le service après-vente, étant producteur local, si on ne peut pas assurer le service après-vente et pourtant nous le faisions pour les autres, c’est qu’on manque de sérieux quand même.
Avez-vous des contacts avec certaines structures, organisations, autorités publiques ou privées comme les écoles de football par exemple ou le ministère des sports ou la FECAFOOT pour écouler des ballons que vous fabriquez ?
Rolland BINGOMBO MASSA: Nous avons des contacts avec certaines écoles de football, des contacts avec l’ANAFOOT aussi qui prévoit acheter ces ballons pour certaines régions.
Pour couvrir l’ensemble du pays au moins en partie, et développer davantage votre projet, vous aurez besoin d’investissements plus conséquents. Comment comptez-vous y prendre ?
Rolland BINGOMBO MASSA : Les investissements, c’est ce qu’il y a de plus difficile pour nous, la plupart des camerounais déjà n’y croient pas quand on leur dit qu’on fabrique des ballons chez nous, on a passé une bonne partie du temps à faire des démonstrations devant les gens, la qualité de ce que nous faisons et le fait que c’est nouveau chez nous demandaient forcément que certains nous voient à l’œuvre. Je profite de cette tribune que vous me donnez pour appeler tous ceux qui pourront être intéressés de ne pas hésiter, le fait que ce soit un domaine peu connu chez nous fais en sorte que certains hésitent. Nous sommes à l’écoute et ouverts aux propositions de toutes les personnes au pays ou dans la diaspora qui souhaiteraient investir dans le projet. Nous avons l’opportunité de couvrir l’ensemble du territoire et même la sous-région.
Si des investisseurs étaient intéressés à mettre de l’argent dans votre projet pour contribuer à ramener au Cameroun une véritable industrie, quels seraient vos besoins et quelles seraient les principales conditions ?
Rolland BINGOMBO MASSA: Quand une personne met de son argent dans une affaire, c’est naturellement pour le fructifier, tout comme celui ou ceux qui portent le projet, du moment où le rôle et la place de tout un chacun est clairement définie, le reste des points se discutent… les besoins sont d’ordres financiers et matériels. Merci. Pour nous contacter : roland_massa@yahoo.com