Au terme d’une visite de travail de deux jours effectuée du 19 au 20 octobre 2016 à Kribi, le ministre de la recherche scientifique et de l’innovation a invité les entrepreneurs agricoles de la localitéà s’adonner à la culture du riz de mangrove, une véritable source de revenus. Dans l’optique de l’amélioration de la qualité de vie des populations côtières, elle a annoncé la transformation dans un bref avenir, de l’antenne IRAD de Nko’olong en station polyvalente de recherche.
« Je dois vous signaler que désormais à Kribi, vous pouvez cultiver du riz : le riz de mangrove et le riz pluvial. C’est pour la première fois qu’une telle expérience est réussie au Cameroun, et même en Afrique centrale. Les champs semenciers sont en place sur le site de Nziou, ici en ville ; les populations peuvent donc désormais passer pour s’approvisionner ». Ainsi s’exprimait le Dr Madeleine Tchuinté après la visite du champ semencier du riz de mangrove et du riz pluvial du cercle de promotion des forêts et des initiatives locales de développement (CEPFILD), mis en place avec l’accompagnement du C2D/Programme d'Appui à la Recherche et du Centre de Recherche sur les Écosystèmes Marins (CERECOMA) de Kribi.
Plusieurs variétés de riz sélectionnées pour leur valeur nutritive et leur rendement à savoir : Camaco, Arica 11, Gold Coast Fingo et Jarmissa y sont expérimentées. Ces variétés sont adaptées à la zone agro-écologique N°4, qui couvre le Littoral, le Sud-Ouest et le département de l’Océan, soit environ 272 000 hectares.
Le MINRESI a invité le Directeur général de l’IRAD et le Chef du CERECOMA à intensifier les actions de collaboration avec les universités, la société civile et le secteur privé d’affaires afin de permettre aux chercheurs d’innover et d’apporter des solutions idoines aux besoins des populations et aux questions de développement au niveau de Kribi.
Kribi a-t-elle ajouté, est l’un des endroits au Cameroun où l’on vient manger du poisson et les crevettes à loisir, avec la possibilité de rentrer avec quelques-unes. Ce n’est peut-être pas encore à la portée de tous, mais nos efforts vont aller dans le sens de la vulgarisation de ce produit, qui est encore considéré par certains comme une denrée de luxe. D’où son appel pour l’intensification des sessions de formations ciblées aux pisciculteurs, aux crevetticulteurs ou à toutes associations et groupes intéressés afin de vulgariser la technologie en la matière et ainsi favoriser l’élevage des crevettes à une grande échelle dans la région de Kribi de même que la production du poisson d’eaux douces.
Le séjour du MINRESI dans le département de l’Océan a été marqué le 19 octobre par la visite du champ expérimental d’hévéa de l’antenne IRAD de Nko’olong. Créée en 1983, cette antenne située à environ 23 km de Kribi s’étend sur une superficie de 600 ha dont 305 ha pour les expérimentations, 125 ha pour les plantations industrielles et 14 ha pour les infrastructures sociales et administratives. Concrètement on y trouve des champs clonaux à grande échelle pour l’évaluation des performances agronomiques, des champs clonaux à petites échelle pour les accessions et des jardins à bois de greffe pour les clones et accessions.
Les activités de recherche qui y sont menées visent à préserver la collection des variétés (1325 accessions et 157 clones d’hévéa) et d’évaluer leurs performances dans les conditions éco-climatiques du Cameroun avant la vulgarisation éventuelle pour les nouvelles plantations et replantations. Visiblement satisfaite par ce qu’elle a vu, le ministre de la recherche scientifique et de l’innovation a encouragé l’IRAD à développer des mécanismes adéquats pour amener les entrepreneurs agricoles locaux à s’intéresser à la culture de cet « or blanc » et de générer de l’argent à partir de la vente des résultats de la recherche provenant de l’antenne. Aux populations du village Nko’olong venues nombreuses l’accueillir en compagnie du député Martin Oyono, le Dr Madeleine Tchuinté a promis la transformation de l’antenne IRAD de Nko’olong en station de recherche polyvalente et l’organisation de plusieurs sessions d’écoles champs-paysans pour former les formateurs de proximitéà l’exploitation des résultats de recherche, la diversification des cultures, la conduite des plantations, la pratique de la pisciculture etc…
Pour la patronne de la recherche, Kribi étant appelée à devenir une mégalopole, il importe dès à présent, de mettre en place les conditions favorables à la consolidation de la sécurité alimentaire et au développement de l’écotourisme, notamment en ce qui concerne les tortues marines à Ebodjé. « La ponte des œufs, l’éclosion des tortues et leur retour spectaculaire dans leur base d’origine pourrait attirer de nombreux écotouristes émerveillés par cette beautééternelle et immuable », a-t-elle conclut.
Il convient de noter que la visite du MINRESI au Centre de Recherche sur les Écosystèmes Marins de Kribi intervient après celle effectuée le 14 juillet dernier à la Mission de promotion des matériaux locaux (MIPROMALO). Elle s’inscrit dans le cadre des descentes qu’elle effectue dans les structures opérationnelles de recherche sous tutelle du ministère de la recherche scientifique et de l’innovation, afin de s’imprégner des réalités du terrain.
Ces descentes visent également à rappeler aux responsables d’instituts de recherche, la nouvelle orientation de l’action du MINRESI qui met désormais l’accent sur la densification des activités de valorisation et de vulgarisation visant la promotion de la plus-value des résultats de la recherche pour les rendre visibles par les utilisateurs potentiels au profit du développement, l’ouverture du dialogue en vue du rapprochement entre la recherche, les entreprises et les investisseurs en vue de l’utilisation des résultats de la recherche dans le processus de création de la richesse et des emplois.
Paul ZEBAZE